Mathias Ouvrard

Le fil de soi(e)
   Quimper

 

L’atelier est baigné d’une douce lumière matinale. À cette heure-ci, il y règne encore une atmosphère feutrée. Une tasse de thé fumante attend près du mannequin arborant une pièce prête à être brodée. Rencontre avec Mathias Ouvrard, artiste textile et plasticien, qui nous dévoile son univers aussi foisonnant que chatoyant.

Couture - Mathias OuvrardCouture - Mathias Ouvrard
©Couture - Mathias Ouvrard|Elodie Villalon

Le savoir-faire breton sous un nouveau jour

Le costume traditionnel breton ne saurait se réduire à l’iconique coiffe bigoudène. Mathias Ouvrard nous aide à lever le voile sur les nombreux trésors d’un savoir-faire bien vivant. Par son œil aguerri, l’habileté de son geste, il donne naissance à des créations d’une rare subtilité, qui transcendent toute notion de temps et redonnent leurs lettres de noblesse aux arts textiles bretons.

 

Si Mathias a grandi entre les Antilles et la Bretagne, c’est de cette dernière qu’il a fait son terrain de jeu et d’inspiration favori. Sa rencontre avec le vestiaire traditionnel breton, il la doit à sa pratique de la danse régionale, pour laquelle il nourrit très tôt une vive passion. En 2004, dans la section adulte du groupe, on lui demande de réaliser une pièce textile pour parfaire son costume.

 

Il se lance alors dans la conception d’un chapeau, qui l’amène à explorer la technique du ruban perlé. Elle demande un sacré tour de main, mais le jeune Mathias ne se décourage pas : comme des hameçons, la broderie et ses aiguilles l’attrapent dans leurs fils pour de bon.

 

Lui qui se rêvait souffleur de verre se laisse porter par les encouragements de ses professeurs, et rejoint la capitale pour intégrer l’École Duperré. Il en sort diplômé des métiers d’art. Pourtant, c’est au costume traditionnel qu’il dédie déjà son mémoire.

 

Il poursuit ses recherches, fréquente assidûment les musées de Quimper, de Pont-l’Abbé, affine sa connaissance des esthétiques bretonnes. Il trouve son inspiration dans le vêtement du Sud Finistère du début XXe siècle. À cette époque, la broderie gagne en sophistication et s’épanouit en grandes volutes, palmettes et cercles concentriques… Autant d’éléments au cœur des créations de l’artiste, comme celles acclamées dans l’effervescence du dernier Festival Interceltique de Lorient.

« Je veux créer un vêtement qui ne dise pas une appartenance farouche à un terroir, mais exprime au contraire un héritage, un savoir-faire, et célèbre la diversité ».

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C’est ce même ennoblissement du vêtement qui préside aux créations de Mathias. En bonne place, le velours, une matière déjà omniprésente sur les costumes d’époque, que l’on retrouve aussi dans ses mosaïques décoratives. Pour Mathias, le velours déploie mille possibilités, notamment celle d’absorber et de réfléchir la lumière.

Il offre à celui qui prend le temps de le contempler un splendide spectacle. Reconnaître le beau dans notre quotidien, savoir apprécier la nécessité d’un temps long, dans un monde où tout va de plus en plus vite : telle est l’invitation de Mathias Ouvrard, qui par son travail remarquable, démontre l’avant-gardisme inouï du vestiaire traditionnel breton.

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